Histoire de la compagnie American Airlines

American Airlines

American Airlines et les années d'avant-guerre

La compagnie aérienne American Airlines constitue, quel que soit l'angle d'approche, une des plus importantes sociétés aéronautiques du monde. Elle a joué, et joue toujours, un rôle prépondérant dans le ciel américain. Historiquement, American Airlines est née de la fusion de 82 petites compagnies américaines de transport aérien. Dans un premier temps, en 1930, ces petites sociétés à vocation locale se sont regroupées tout en restant indépendantes sous le label « American Airways » qui représentait, en fait, une enseigne commune à ces lignes disparates opérant soit sur la côte ouest, soit sur la côte est des États-Unis. Parmi elles, on trouvait Southern Air Transport, basée au Texas, Southern Air Fast Express (SAFE), exploitant les villes côtières de l'ouest, Universal Aviation, spécialisée dans l'association air-fer dans les régions du middle-west, Thompson Aeronautical Services, qui avait inauguré une ligne Detroit Cleveland en 1929, ou encore Colonial Air Transport, opérant dans le nord-est. Les nécessités d'une rationalisation se faisant sentir, ces transporteurs fusionnèrent finalement au sein de American Airways Incorporated. Cette compagnie unitaire vit son siège installé à New York et bientôt les principales cités du continent américain furent reliées par des lignes régulières, Boston, Dallas, Chicago, Los Angeles et New York étant les pôles principaux de l'activité. Malgré ce regroupement stratégique, American Airlines connaît, dès ses premières années d'existence, des difficultés d'ordre financier, conduisant à son rachat par Errett Lobban Cord, un industriel venant du secteur automobile. C'est ce nouveau propriétaire qui rebaptisera, en 1934, la compagnie de son nom définitif : American Airlines.

Cord confie la direction de l'entité American Airlines à l'homme d'affaires texan Cyrus Rowlett Smith. Jusqu'à la date de son rachat par Cord, la compagnie exploitait deux types de trimoteurs fournis par Fokker et Ford. Avec les nouveaux dirigeants, la flotte s'enrichit du bi-plan Curtiss Condor, équipé de couchettes, idée innovante pour l'époque. Cyrus Rowlett Smith s'attache ensuite à la mise au point du futur DC-3 en partenariat avec le constructeur Donald Douglas, fondateur de la Douglas Aircraft Company. Le premier DC-3 d'American Airlines décollera en 1936. Parallèlement, Cyrus Rowlett Smith s'intéresse à la construction d'un aéroport à New York, entreprise sous l'autorité du maire de la ville Fiorello La Guardia. Ce dernier, fils d'émigrés italiens, natif de Manhattan mais ayant passé sa jeunesse dans l'Arizona, a été durablement marqué par les conséquences de la grande dépression de 1929, et appuie ostensiblement la politique du président Franklin Roosevelt (le new deal). Le maire est sensible aux besoins de développement de sa ville et la construction d'un aéroport d'envergure internationale en est un des moyens. Dans le même temps, cette initiative de l'autorité politique sert les intérêts d'American Airlines qui va pouvoir ouvrir au coeur de l'aéroport, et dans un souci du confort de ses passagers, un salon à l'écart du tout venant, réservé aux seuls possesseurs de billets American Airlines. Bientôt, et pour asseoir l'image de marque de la compagnie, Smith crée un club dit « Admirals Club », réservé aux « VIP » et aux passagers réguliers de ses lignes, qui se voient ainsi honorés des faveurs d'American Airlines. Pour rester dans le registre « navigation » que suggère le nom du club, les réceptionnistes sont désignés par le terme de skippers et les barmen se nomment stewards.

Cette politique commerciale élitiste sera rapidement suivie par les autres grandes compagnies nationales et les salons de repos destinés à la clientèle de première classe les lounges se multiplieront. American Airlines inaugure, en 1939, son second lounge à Washington. Au fil des décennies, le statut de membre des Admirals Club évoluera. Si, au départ, l'idée directrice était de favoriser la relaxation des usagers d'importance avant et après les vols et la qualité de membre laissée à la discrétion et à l'appréciation du personnel commercial (chefs d'escale), l'utilisation des salons pourra par la suite s'ouvrir aux non membres par l'acquisition d'une carte annuelle dont le prix était de 25 dollars en 1967 , voire d'une carte à vie coûtant 250 dollars à la même époque. Le système s'est modifié avec le temps et American Airlines a lancé ses cartes AAdvantage, qui peuvent être executive platinum, platinum ou gold. Ces cartes ouvrent droit à des trajets à tarif réduit ou encore des « miles » gratuits. À présent, les salons d'American Airlines comprennent l'accès à internet, des fax, le prêt d'ordinateurs, des collations légères ou encore la possibilité d'être accompagné. Certains proposent également des douches. Cet univers qui entoure American Airlines est à l'opposé de l'approche low cost autour de laquelle gravitent les plus jeunes compagnies, plus soucieuses d'attirer une clientèle plus étendue que de fournir un supplément de confort.

Après la seconde guerre mondiale

Après la seconde guerre mondiale, American Airlines élargit son champ d'action en mettant en service deux entités filiales : American Overseas Airlines et Lineas Aereas Americanas de Mexico. L'objectif est alors d'internationaliser la vocation de cette compagnie jusque là centrée sur l'Amérique du Nord. C'est aussi l'occasion de compléter la flotte par les premiers appareils Boeing 707 qui permettent notamment de relier la côte est à la côte ouest sans escale et d'envisager des vols intercontinentaux. La modernisation d'American Airlines passe également par la mise au point du système « Sabre », premier système de location électronique conçu en partenariat avec IBM. Là encore, cette technique inspirera les autres grandes compagnies qui adopteront graduellement ce mode de réservation. Au cours des années suivant la guerre, American Airlines accroît son domaine et Honolulu (à partir de Saint Louis, Missouri), Sydney (Australie) et Auckland (Nouvelle Zélande) sont desservies. La desserte du « continent australien » suppose seulement une escale dans les îles Samoa américaines. L'innovation touche également le personnel navigant. Bonnie Tiburzi devient alors en 1973 la première femme pilote d'une grande compagnie internationale. Elle possède la qualification pour voler sur les Boeing 727.

En fin de décennie 1970, American Airlines prend la décision de déménager son siège de New York à l'aéroport de Dallas/Fort Worth au Texas. L'impact de ce changement est durement ressenti par les autorités new-yorkaises car le développement d'American Airlines avait accompagné celui de la ville depuis les origines de la compagnie aérienne. Le tout nouveau maire de New York, Edward Irving Koch dit Ed Koch évoque même une véritable trahison de la part de la direction d'American Airlines. Il est vrai que le mouvement de transfert s'accompagne de 1300 emplois disparus. American Airlines inaugure une nouvelle politique de développement par l'installation de plaques tournantes dotées d'une relative autonomie par rapport au siège de la compagnie. La première de ces bases – si l’on excepte Dallas, le nouveau siège – est fixée à Chicago sous l’impulsion de son nouveau président Robert Crandall.

C’est vers cette époque que la compagnie inaugure à partir de ces bases – le terme international consacré est « hub » – ses premiers vols réguliers à destination de l’Europe et du Japon. Viennent ensuite les « hubs » de San Jose en Californie, Charlotte en Caroline du Nord et Nashville au Tennessee. Autre axe d’expansion, American Airlines construit sous le sigle d’American Eagle Airlines, un réseau de compagnies régionales desservant les villes américaines moins importantes. En 1990, la compagnie reprend les avoirs de TWA, société en difficulté qui finira par être absorbée par sa rivale, à Londres, faisant de la capitale britannique un « hub » supplémentaire destiné à desservir l’Europe continentale. Paradoxalement, le faible niveau du prix du carburant dans les années 1970 va être à l’origine d’une grave crise interne traversée par la compagnie. Devant l’augmentation inattendue des profits liée à ce coût en baisse, les pilotes réclament leur part et s’engagent dans une grève. Il faudra l’intervention du président américain Bill Clinton qui calmera le jeu au nom de l’intérêt supérieur du pays pour que cesse l’action des pilotes qui n’obtiendront pas, au final, entière satisfaction de leurs revendications salariales. De son côté, Robert Crandall – toujours à la tête de la compagnie – avait fait valoir que depuis la dérégulation du transport aérien, survenue quelques années auparavant, 150 sociétés avaient dû abandonner leurs activités dans le secteur et que le moment n’était pas venu d’affaiblir American Airlines en cédant à des revendications salariales. En marge de ce conflit, la compagnie poursuit sa politique d’expansion en créant une nouvelle plate-forme à Miami (Floride) et en étendant son réseau à l’Amérique latine.

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