Histoire de la compagnie Air Algérie

Air Algérie

Histoire de Air Algérie avant l'indépendance

Les soubresauts de l'histoire tourmentée de l'Afrique du Nord pendant la seconde partie du XXème siècle jouent un rôle prépondérant dans la constitution et l'évolution de la compagnie aéronautique Air Algérie. Comme ses voisines Tunisair compagnie nationale tunisienne créée en octobre 1948 et Royal Air Maroc née en juin 1956, Air Algérie est fondée dans la même période en juin 1953, soit entre vingt et trente ans après les principales compagnies nationales européennes. Cependant, Air Algérie possède une « préhistoire », liée à sa situation politico-géographique, en ce temps où l'Algérie est constituée de départements français (passés des 3 dorigine : Alger, Oran et Constantine, à 14 à la veille de l'indépendance).

Dès 1922, la Société du Réseau Transafricain effectue un premier vol entre Alger et Biskra, porte du désert saharien. Cette première tentative de ligne interne à l'Algérie est vite abandonnée. Mais, dans le même temps, les lignes aériennes Latécoère, qui s'illustreront bientôt dans les liaisons aéropostales entre Toulouse et Dakar, tentent à partir de cette ville de Haute-Garonne de relier la métropole à Casablanca au Maroc avec l'intention de prolonger la ligne vers l'Algérie. Une ligne Casablanca-Oran est expérimentée sur un Latécoère 15 (appareil bimoteur dans lequel le pilote est dans un cockpit extérieur quand les 6 passagers sont dans une cabine fermée). Une autre ligne d'Alicante, au sud de l'Espagne, à Alger sur hydravion est essayée. Dans les deux cas, le projet de ligne sera vite abandonné en raison de la faible fiabilité des appareils. Une autre voie pour relier la France métropolitaine à l'Algérie est envisagée. À partir de 1928, une ligne Marseille-Alger, exploitée par l'Aéropostale qui a fait suite au constructeur Latécoère, survolant la Méditerranée et faisant escale aux îles Baléares, est ouverte. En 1934, elle est accessible aux passagers avec lappui logistique d'Air France qui met à disposition des hydravions Lioré-Olivier 242.

La création d'Air Algérie s'effectue en deux temps. En 1946, se constitue la Compagnie Générale de Transport (C.G.T.), qui avec l'appui d'Air France se spécialise dans le transport de passagers et de fret entre la métropole et les villes d'Alger, Constantine et Oran, principales cités d'Algérie. Mais il faut attendre 1953 pour officialiser la naissance d'Air Algérie lorsque la Compagnie générale de Transport fusionne avec la Compagnie Air Transport pour devenir la « C.G.T. Air Algérie ».

C'est alors qu'Air France exploite le quadrimoteur Bréguet 763 Provence. Cet avion possède la particularité de répartir ses voyageurs sur 2 niveaux d'où son nom familier de Bréguet Deux-Ponts. Cette caractéristique qui lui donne un aspect ventru, car les deux ponts courent tout le long de l'avion est unique pour ce type d'appareil qui est utilisé entre la métropole et l'Algérie d'une part, Paris et la Corse, d'autre part. Autre caractéristique, le Bréguet Deux-Ponts, réputé pour sa maniabilité et sa sûreté, sera le seul avion au monde à ne jamais connaître de crash ni de blessés au cours de sa carrière s'étendant de 1953 à 1963. Il sera bientôt concurrencé sur la ligne Paris-Alger par la mise en service de la SE 210 Caravelle, construit par Sud Aviation, qui équipera d'abord Air France à partir de fin 1959, mais aussi Air Algérie dès le début de 1960. Cet appareil élégant, dont la silhouette est reconnaissable grâce au positionnement de ses deux réacteurs à l'arrière du fuselage (ce qui le rend très silencieux), représente une avancée pour l'aéronautique en ce qu'il est entièrement automatisé et, donc, que ses pilotes peuvent actionner le système de pilotage automatique en cas de brouillard notamment. La Caravelle sera d'ailleurs adoptée par la plupart des compagnies européennes de Finnair (Finlande) à Lufthansa (Allemagne) en passant par Swissair (Suisse) ou TAP (Portugal). Son succès suscitera même des commandes en Amérique chez Varig (Brésil),United Airlines (États-Unis), en Afrique chez Air Gabon et Air Afrique (Côte d'Ivoire) et en Asie de Indian Airlines à China Airlines (Taïwan).

En cette fin de décennie 1950 et au début de la suivante, la mise en service de la Caravelle va de pair avec l'intensification du trafic entre la France métropolitaine et l'Algérie. Cette augmentation des besoins de transport est due à la découverte du pétrole saharien (vers 1955) et au conflit algérien qui conduira à l'indépendance de l'Algérie en 1962. Cette sombre période suppose, en effet, des transports massifs de troupes, puis, conséquence de l'indépendance, un rapatriement dans la précipitation des Européens d'Algérie, tous mouvements mobilisant les possibilités du transport aérien.

Histoire de Air Algérie aprés l'indépendance

Une fois l'État algérien souverain, un des premiers soins du gouvernement est de prendre une participation majoritaire dans le capital de la compagnie aérienne nationale, conçue comme un instrument de sa politique. L'opération d'entrée dans le capital d'Air Algérie s'effectue en deux temps. En 1963, le nouveau gouvernement Ahmed Ben Bella devient président de la République le 15 septembre , décide, au nom de l'État, de s'approprier 51% du capital de l'entreprise afin d'en assurer la conduite effective. En 1970, il monte sa participation à 83% et, deux années plus tard, il rachète le solde du capital à Air France, soit 17%, concrétisant ainsi la décision d'étatiser Air Algérie à 100% prise au 15 décembre 1972 et les modalités de cet ultime rachat seront mises en place progressivement. 1973 est l'année de l'intégration de la Société de Travail Aérien à Air Algérie. En cette occasion, l'intitulé officiel devient « Société Nationale de Transport et de Travail Aérien Air Algérie ». La flotte d'Air Algérie s'étoffe graduellement jusqu'à compter 66 appareils en 1983 (dont 18 sont destinés à des fonctions de pulvérisateurs agricoles) qui emploie 6900 salariés. Une tentative de séparer les activités de dessertes intérieure et internationale en deux entités, initiée cette année-là afin de distinguer entre le réseau interne de 24 destinations et les 34 externes, avorte bientôt. Air Algérie est réunifiée en une seule société et l'activité de gestion des aéroports algériens lui est confiée. Cette nouvelle expérience se solde par un échec et le volet « gestion des aéroports » est retiré à Air Algérie en 1987.

La décennie suivante correspond à une période de déréglementation du transport aérien. Initiée aux États-Unis, cette tendance gagne l'Europe et l'Afrique. Elle se traduit par le développement de vols charters affrétés par les voyagistes et de nouvelles compagnies à bas prix dont Ryanair et easyJet sont les fleurons. Pour faire face à cette nouvelle donne, Air Algérie s'engage dans une politique d'augmentation de son capital. Celui-ci passe à 6 milliards de dinars en 2000 à 14 milliards en 2002 et 26 milliards en 2005, puis 29 milliards et 37 milliards en moins d'un an.

Air Algérie connaît en 2003, son accident le plus meurtrier. Le vol n° 6289 du 6 mars est assuré par un Boeing 737-200 entre Tamanrasset et Alger. Ce biréacteur moyen-courrier, en service sur de nombreuses compagnies, est équipé de classiques réacteurs de marque Pratt et Whitney et présente des références en termes de fiabilité. Pourtant, au décollage de Tamanrasset, le moteur droit s'avère déficient et 102 des 103 personnes à bord trouveront la mort lors du crash qui s'en suivra.

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