Histoire de la compagnie Emirates

Emirates

Contexte historique et économique

La compagnie aérienne Emirates est une pure émanation des Émirats Arabes Unis, fédération qui a vu le jour en 1971, lors du retrait des Britanniques de la région. Jusqu'au tout début des années 1960, cette partie du Moyen - Orient se composait de petits Émirats désertiques ne présentant qu'un médiocre intérêt économique, mais à la situation hautement stratégique du point de vue de la géopolitique, jusqu'au jour où un premier gisement de pétrole est découvert et un premier puits foré sur l'Émirat de Dubaï. Dès lors, l'avenir économique immédiat de la région est assuré, d'autant que les compagnies pétrolières multiplient les découvertes de nappes d'« or noir ». Dans un premier temps, six Émirats mitoyens venant d'accéder à l'indépendance se regroupent (Abou Dabi, Ajman, Chariah, Dubaï, Fujaïrah et Oumm al Qaïwaïn), bientôt rejoints par l'Émirat de Ras el Khaïmah pour devenir la fédération des Émirats Arabes Unis. Cet État, situé entre golfe persique et golfe d'Oman, se limite à ces territoires, mais il est admis par extension, dans le langage courant, de désigner par « émirats » l'ensemble augmenté du Koweït, du Qatar, de Bahreïn et du Sultanat d'Oman, bien que Bahreïn et Oman ne soient pas à proprement parler des émirats. En fait, sous cette appellation, est désignée une zone aride où prolifèrent les champs de pétrole. Les Émirats Arabes Unis comptent parmi les plus importants exportateurs de pétrole du monde, ce qui n'est pas sans incidence sur le développement de la compagnie aérienne Emirates qui représente une vitrine majeure de cette fédération dans le monde. En simplifiant, les plus importantes réserves gazières et pétrolières se situent sur le territoire d'Abou Dabi - qui a statut de capitale politique de l'État fédéral -, Dubaï hébergeant la compagnie Emirates et jouant le rôle de capitale économique et fer de lance de la future reconversion de la région, lorsque les réserves seront épuisées et que le tourisme deviendra le premier pôle de développement. Ce contexte économique particulier explique, dans une large mesure, l'intérêt primordial que représente Emirates dans la stratégie des dirigeants de la région. Outre les voyageurs internationaux, c'est l'image des Émirats Arabes Unis que véhicule Emirates, la plus importante compagnie de cette partie du monde.

Des années 50 aux années 80

À l'aube des années 1950, les pays arabes de la région, soutenus par les familles régnantes de l'époque (notamment du Qatar et de Bahreïn), avaient fondé la compagnie Gulf Air, basée dans l'émirat de Bahreïn afin de faire acte de présence dans le concert des nations développant des activités aéronautiques. Mais pour des raisons de rivalités intérieures aux détenteurs du capital, Abou Dhabi et le Qatar s'étaient retirés pour fonder respectivement Etihad Airways et Qatar Airways, remplacés par BOAC, l'ancêtre de British Airways. De fait, le capital de Gulf Air était passé majoritairement aux mains de la compagnie anglaise. C'est devant cette situation que les Émirats Arabes Unis décident de la création d'une compagnie purement nationale : Emirates. Le processus de lancement d'Emirates consiste à faire de la compagnie Emirates une dépendance du puissant groupe Emirates Group, alimenté par les profits du pétrole. C'est ainsi que naît, en mai 1985 la société de transport aérien Emirates dont la direction est confiée à Ahmed bin Saeed Al Maktoum, jeune président (il n'a que 27 ans lorsqu'il est nommé), membre de la famille royale de Dubaï. Par voie de conséquence, c'est la composante Dubaï de la fédération des Émirats qui est choisie comme siège d'Emirates.

Le financement largement assuré, il ne faut que six mois pour voir Emirates inaugurer son premier vol qui aura lieu le 25 octobre 1985 et reliera Dubaï à Karachi, ville du Pakistan occidental idéalement située en bordure de la mer d'Oman. Si la ligne relève du court-courrier (la distance séparant son point de départ de son arrivée n'excédant pas 1000 km), son choix revêt un double symbole car il marque d'une part la vocation d'Emirates à servir à l'international et, d'autre part, Karachi représente une destination prestigieuse eu égard à la densité de sa population qui en fait la 16ème ville du monde. Par ce choix, Emirates entend aussi marquer ses affinités naturelles avec l'Orient et laisse entendre que son axe de développement pourrait ne pas dépendre, au moins dans un premier temps, des plaques tournantes (dans le langage aéronautique international le terme consacré est « hub ») que constituent les aéroports internationaux occidentaux. Ce vol inaugural est effectué sur un Airbus 300B4-200, spécialement loué pour la circonstance à Pakistan International Airlines.

L'aéroport international de Dubaï sera donc le hub de la compagnie Emirates. Les ambitions d'Emirates sont, ainsi, clairement définies et se traduisent dès la fin des 9 premiers mois d'exercice par le fait que la compagnie dégage déjà un premier profit. Après Karachi, et dans le même esprit de privilégier un axe est - ouest, les lignes Dubaï - Bombay et Dubaï - Delhi sont exploitées. Emirates clôt sa première année d'activité en annonçant avoir transporté sur cette première période 260000 passagers. Mais les ambitions d'Emirates ne se limitent pas au transport de voyageurs d'affaires et de tourisme et elle revendique une place prépondérante dans le transport de fret par l'intermédiaire de sa structure Emirates SkyCargo. 10000 tonnes sont transportées par cette structure filiale lors du premier exercice annuel.

L'année 1986 est consacrée à la mise en service de nouvelles lignes afin d'élargir sa clientèle potentielle. Viendront successivement Colombo (plus importante ville du Sri Lanka et capitale économique), Dhaka - nouvelle orthographe de l'ancien Dacca - capitale du Bengladesh, Amman (capitale de la Jordanie) et Le Caire. Par ces destinations, l'orientation « tiers-mondiste » d'Emirates se confirme. Toutefois, l'année suivante l'élargissement du réseau d'Emirates passe par l'Europe et l'acquisition de 2 nouveaux Airbus A310. En effet, la vocation de compagnie à réseau mondial affichée par Emirates ne saurait faire abstraction du vieux continent.Une ligne régulière est établie entre les Émirats Arabes Unis et l'ancien tuteur britannique via une liaison entre l'aéroport de Dubaï et l'aéroport Gatwick à Londres. Grâce à ses nouveaux appareils, Emirates relie Singapour à Dubaï et crée une ligne vers Francfort (avec escale à Istanbul) et une autre pour les Maldives. Peu à peu, Emirates tisse son réseau et n'a, sur son créneau, que Gulf Air comme concurrent, compagnie plus ancienne et bénéficiant d'un ancrage puissant dans la région.

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